Le fief de La Batisse appartient au passé
de l'antique bourgade de Chanonat qui fut gîte étape pour
les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Cité dans les
actes depuis 1308, La Batisse n'a changé que deux fois de propriétaire
avant de se fixer dans la famille des Girard de Chasteauneuf, ancêtres
par alliance des propriétaires actuels, les Arnoux de Maison Rouge,
vieille famille de robe, connue à Riom depuis le 17ème siècle.
Le château élève ses tours
au pied du plateau de Gergovie, où les Gaulois de Vercingétorix
triomphèrent des Romains de César, dans un vallon verdoyant
creusé par une charmante petite rivière qui dévale
les pentes des collines voisines : l’Auzon.
La plus ancienne de ses tours fut édifiée
au 13ème siècle. Alors unique, elle faisait partie du système
défensif qui, avec la forteresse d’Opme, la Roche Blanche et le
château du Crest, protégeait les approches de Clermont du
côté du Sud.
Au 14ème siècle, trois autres
tours ont été adjointes à la première, faisant
de cet ensemble un véritable château-fort pourvu d’une cour
d’honneur et d’une justice. Cependant, il est peu probable que ce château-fort,
mal placé dans un creux, eût pu résister à un
siège mené dans les règles.
Au 15ème siècle, un corps de
logis réunit les quatre tours.
En 1622, Richelieu fit raser les places fortes
d’Auvergne les plus importantes telles que Montpensier, au nord de la province,
et Usson au sud, où avait résidé la reine Margot,
et démantela un certain nombre de petits châteaux. Sur l'ordre
du Cardinal, les murs d'enceinte de La Batisse, ainsi qu'une tour furent
abattus. Les mâchicoulis et les créneaux des trois tours restantes
furent également détruits. A la suite de ces démolitions,
vers 1633, le propriétaire coiffa les tours de calottes à
lanternon, qui font aujourd’hui le charme de la toiture du château.
Il surmonta aussi l'une d'elles d'une girouette portant ses armoiries.
Vers la fin du 17ème siècle,
après l’acquisition des lieux par les Girard de Chasteauneuf, le
château fut restauré dans le goût de l’époque
par l’école de Le Nôtre, avec jardin en terrasses, agrémenté
de broderies de buis et de charmilles, grottes en rocaille, labyrinthe
de verdure, bassins, vasques et jets d’eau, en parfaite harmonie avec la
demeure et le cadre environnant. Un parc fut aménagé avec
une longue allée conduisant à quatre cascades. Mais le projet
initial, qui voyait grand, ne fut jamais achevé.
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L’intérieur du château comporte
plusieurs pièces décorées de fresques, de tapisseries,
de plans et de portraits. Elles sont meublées d’un intéressant
mobilier des 16ème, 17ème et 18ème siècles.
Des cheminées monumentales ornent l’un des murs de certaines d’entre
elles. On y trouve l’atelier du peintre auvergnat Jean de Chasteauneuf,
oncle des propriétaires.
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Les visiteurs du château bénéficient
d’une animation, de jour mais aussi de nuit, réalisée avec
le concours des Compagnons de Gabriel qui constitue une intéressante
initiation à la vie au Moyen Âge en Basse-Auvergne. On y assiste
à l’entraînement d’un cavalier pour les tournois ou pour la
guerre, au recrutement des paysans pour renforcer la garnison en cas de
besoin et à leur exercice en présence du seigneur, puis enfin,
pour terminer, à la cérémonie de l’hommage d’un jeune
chevalier à son suzerain. L’assistance est invitée à
participer à ces animations. Des armes et machines de guerre moyenâgeuses
sont exposées : arcs et flèches, machines tirant des carreaux
d’arbalète. Une démonstration de tir à l’arc permet
de se faire une idée de la portée non négligeable
de cette arme. Le passage dans la cuisine offre l’occasion de parler des
agapes qui se déroulaient au château. On y apprend que les
hommes absorbaient en moyenne trois litres de vin par jour au Moyen Age,
bien sûr du vin d’Auvergne moins chargé en alcool que celui
de Bourgogne, qui aigrissait facilement et que l’on agrémentait
d’épices pour le rendre buvable ; c’était le fameux hypocras.
De gracieux échansons servaient à boire dans des cornes ou
des hanaps. On se nourrissait essentiellement de viandes et de racines,
entendez de gibier et de légumes. Un préposé à
ce service coupait la viande des dames. On mangeait, avec ses doigts, la
venaison étalée sur une large semelle de pain, appelée
tranchoir, qui servait d’assiette. Le tranchoir pouvait être placé
sur un tailloir de forme rectangulaire, en bois pour les moins fortunés,
en métaux précieux pour les personnes de haute condition.
On ne mangeait pas cette assiette comme on le fait du fond d’une pizza.
Les convives disposaient à leur portée d’un pot à
aumônes ou d’un corbillon dans lequel ils plaçaient le tranchoir
après avoir ingéré la viande. Les tranches de pain
étaient distribuées aux pauvres qui se régalaient
du jus dont elles étaient imprégnées. |